|
|
C’est la première étude sur ce général Piré, qui s’est illustré durant
les guerres de Chouans puis durant les guerres napoléoniennes, finissant
divisionnaire de cavalerie légère. Nous avons la biographie du seul
Chouan inscrit sur l'Arc de Triomphe.
Issu d'une grande famille de
Rennes, Hippolyte de Piré commence comme lieutenant dans l'armée des
Emigrés, lors de l'Expédition de Quiberon en 1795. Puis, après avoir
débarqué à Cancale avec un groupe de Royalistes, il part chouanner dans
le Pays de Fougères jusqu'en 1800.
C'est le moment où le Consul
Bonaparte signe le Concordat et appelle de jeunes nobles pour la seconde
campagne d'Italie, celle de Marengo. Il fera toutes les campagnes de l'Empire, d'Austerlitz à Waterloo. Général de division de cavalerie légère.
En vente sur Amazon, eBay et Priceminister. Vous pouvez me le commander en direct en m'adressant un mail ! |
|
|
|
|
|
|
Vitrail dans l'église de Piré sur Seiche. D'autres vitraux nous montrent le portait de son père et de sa mère Émilie. Des portraits également au Musée de Rennes. |
|
|
|
|
|
|
La maison natale d'Hippolyte de Piré, 7 rue Corbin à Rennes, rue parallèle à la rue Saint Georges, près du palais Saint-Georges |
|
|
|
|
|
|
Le château du général Piré |
|
|
Le château de la famille avant les travaux entrepris par le groupe Legendre. |
|
|
|
|
|
|
Des renseignements sur ce panneau |
|
|
|
|
|
|
Avec un peu d'imagination on peut entendre le général passer le petit pont... |
|
|
|
|
|
|
La sépulture se trouve derrière la chapelle du cimétière |
|
|
|
|
|
|
Le tombeau de la famille Piré au cimetière de Piré-sur-Seiche. |
|
|
|
|
|
|
Le Château des Pères de nos jours. http://www.chateaudesperes.fr/ |
|
|
|
|
|
|
La biographie du docteur Broussais par le docteur Michel Valentin |
|
|
|
|
|
|
Colonne commémorant la Bataille de Torfou, 19 septembre 1793. |
|
|
|
|
|
|
Bataille de Torfou, opposant l'Armée de Mayence de Kléber aux Vendéens de Elbée. |
|
|
|
|
|
|
Après cette victoire à Torfou, les Vendéens appelleront l'armée de Mayence, l'armée de faïence... |
|
|
|
|
|
|
Carte de La Virée de Galerne, fin 1793, épisode de la Guerre en Vendée. Dans de nombreuses lettres à ses parents, Broussais décrit les misères de cette guerre civile. |
|
|
|
|
|
|
SAVENAY - La Croix des Vendéens. Monument en tuffeau érigé en 1880.. |
|
|
|
|
|
|
Plaque commémorative à l'Entrepôt des cafés, où furent entassés les prisonniers de la bataille de Savenay. |
|
|
|
|
|
|
A Fonteclose, entre Machecoul et Challans, près de La Garnache, cette croix en souvenir de Charette, fusillé à Nantes, Place Viarme, où se dresse une autre croix. |
|
|
|
|
|
|
A Noirmoutier, plaque commémorative rappelant que Maurice d'Elbée a été fusillé, dans un fauteuil, sur cette place. |
|
|
|
|
|
|
Passage du Gois, souvent emprunté par les Brigands, pour aller de Bouin à Noirmoutier. |
|
|
|
|
|
|
Dominique Larrey. Ici amputant le maréchal Lannes à Essling |
|
|
|
|
|
|
Au Musée de Leipzig, maquette du champ de bataille. Gros plan sur l'ambulance, où les chirugiens opèrent à vif, comme Broussais a pu le faire... |
|
|
|
|
|
|
Uniforme de chirurgien et d'infirmier; Dessin d'André Jouineau. |
|
|
|
|
|
|
Châteaubriand repose, ici, sur le Grand Bé, face aux remparts de Saint-Malo |
|
|
|
|
|
|
François-René, né Place Châteaubriand, Intra-muros, à Saint-Malo |
|
|
|
|
|
|
Sa statue, Esplanade Saint-Vincent. |
|
|
|
|
|
|
Tombe du général Cambronne, cimetière de La Miséricorde. Son épouse, Mary Osburn, est, elle, enterrée dans la carré des protestants. |
|
|
|
|
|
|
Au sud de la Loire, à Saint-Sébastien-sur-Loire. La Baugerie est devenue un lycée professionnel. |
|
|
|
|
|
|
A Carquefou, au nord de Nantes, le château des Maubreuil, détruit pendant la Révolution, sera reconstruit en 1815 par le négociant, armateur nantais Félix Cossin. Acheté en 1934, par le département pour
en faire un sanatorium, le château devient, en 1972, un centre de
rééducation. |
|
|
|
|
|
|
Jérôme Bonaparte, roi de Westhphalie, der König Lustig et Catherine de Wurtemberg, qui restera fidèle à son " Fifi "... |
|
|
|
|
|
|
Timbre commémorant le Chevalier de Tromelin, père du général. |
|
|
|
|
|
|
L'île Tromelin, désormais célèbre par ce livre de la morbihannaise Irène Frain... |
|
|
|
|
|
|
NOUVEAU !!! https://www.amazon.fr/Mar%C3%A9chal-Berthier-Visconti-Princesse-Wagram-ebook/dp/B095FT21D5/ref=sr_1_1?dchild=1&qid=1623856521&refinements=p_27%3AL%27AZOU+Jacques&s=books&sr=1-1&text=L%27AZOU |
|
|
|
|
|
|
|
Pour tous renseignements sur la Route Napoléon ou sur un livre, contactez moi par mail à laroutenapoleon@yahoo.fr
Jacques L'AZOU
21, avenue du général Lanrezac
35400 - SAINT-MALO
n° siren : 302 546 429
Liens de sites amis :
- Pour les MONUMENTS NAPOLEONIENS, ce site incontournable : http://napoleon-monuments.eu/
Jeanne d'Arc vous attend sur les Routes Johanniques : http://www.jeanne-darc.org/ et sur le site de Jean-Claude COLRAT : http://jean-claude.colrat.pagesperso-orange.fr/
Après ces longues années passées sur la Route Napoléon, je suis
désormais Vétéran en demi solde, à Saint-Malo, près du Sillon, la plus belle plage de France !
Je viens de publier en e.book, une histoire passionnante du Maréchal Alexandre Berthier et ses deux femmes : La Visonti et Elisabeth de Bavière. Ce livre est intitulé " Le maréchal Berthier, LA Visconti et la princesse de Wagram ".
Et le petit dernier e.book vient de sortir en 245 pages :
La bataille de Paris, 30 mars 1814, suivie de La Ragusade du Maréchal Marmont
En préparation :
une biographie inédite de Marie-Louise, l'Impératrice détestée, démontrant qu'elle n'a pas trahi !!!
A paraître bientôt, après voyages à Parme et Vienne !!!
En attendant comme nous serons à Rambouillet, voici ce qu'on peut en dire :
ANGERVILLE – RAMBOUILLET Mardi 12 avril 1814
Marie-Louise, le 12 avril, après avoir reçu M. de Bausset,
qui lui remet la lettre de Napoléon, reçoit les princes Paul Esterhazy et
Wenzel Liechtenstein, envoyés par Metternich, porteurs d’un courrier pour l’Impératrice.
Metternich, à peine arrivé à Paris, n’a pas perdu de temps. Ce courrier annonce
officiellement à Marie-Louise que les duchés de Parme et de Plaisance lui sont
concédés avec réversibilité en faveur de son fils et l’invite à partir
immédiatement pour Rambouillet, où elle aura une entrevue avec son père.
Marie-Louise qui désire, depuis si longtemps, voir son père, pour plaider sa
cause et celle de son mari, se laisse facilement persuader. Elle quitte Orléans
à 8 heures du soir, encore escortée d’un détachement de cavalerie de la Garde
impériale. Il y a environ, cent kilomètres d’Orléans à Rambouillet. Mais au
relais d’Angerville, cette escorte est remplacée par un peloton de Cosaques,
qui, armés de lances, entourent les voitures, comme un convoi de prisonniers.
C’est d’Angerville que Marie-Louise envoie, par le colonel Jerzmanowski, ce
billet à Napoléon qui, au même moment, tente de se suicider en avalant du
poison.
« Mi-chemin Orléans Rambouillet, 12/13 avril 1814. Je
t'écris un mot par un officier polonais qui vient de m'apporter à Angerville ta
lettre, tu sauras déjà que l'on m'a fait partir d'Orléans et qu'il y avait des
ordres de m'empêcher d'aller te rejoindre, même à recourir à la force. Sois sur
tes gardes, mon cher Ami, on nous joue, je suis dans des inquiétudes mortelles
pour toi, mais j'aurai du caractère en voyant mon père, je lui dirai que je
veux absolument te rejoindre, et que je n'entends pas qu'on me fasse violence
pour cela. Nous avons emporté ce que nous pouvions du trésor, je te le ferai
passer par tous les moyens possibles, mais je suis sûre plutôt que je te
l'apporterai moi-même. Ton fils dort dans ce moment, ma santé va mal. Je
tiendrai ferme de ne pas aller plus loin que Rambouillet, fies-toi à mon amour
et à mon courage dans cette occasion. Je t'aime et t'embrasse tendrement. Ton
Amie, Louise ».
A son arrivée à Rambouillet, au petit matin, Marie-Louise
trouve le château occupé par des troupes russes. Elle écrit aussitôt. «
Rambouillet, 13 avril 1814. Mon cher Ami. Je t'ai écrit hier un mot par
l'officier polonais que tu m'as envoyé. Je t'écris malgré cela encore
aujourd'hui, quoique je craigne que cela ne te parvienne pas, mais l'idée de ne
pas pouvoir te donner de mes nouvelles m'est insupportable. Je désire bien que
tu ne sentes pas autant le besoin d'avoir des miennes que j'ai celui d'avoir de
tes lettres. Je suis bien malheureuse, bien triste, et je tâche seulement de
prendre sur moi pour être plus propre à te consoler, car tout ce que je désire,
c'est de pouvoir partager ta mauvaise fortune et de pouvoir t'être utile. Mon
père n'est pas encore arrivé. On dit qu'il va venir demain. J'attends avec bien
de l'impatience ce moment pour pouvoir venir te rejoindre tout de suite après
où je te trouverai. Ton fils a soutenu la route à merveille. C'est vraiment un
enfant charmant. Il devient tous les jours plus aimable. Il ne se propose pas
de faire un très bon accueil à l'Empereur d'Autriche et je crains, quoi que
nous lui disions, qu'il y tienne beaucoup. Ma santé est toujours mauvaise. Je
suis si malheureuse loin de toi que je sens que je ne pourrai entièrement me
rétablir que quand je te reverrai. En attendant, je suis bien fatiguée d'avoir
passé toute la nuit. Le chemin a été affreux. Je me suis couchée tout de suite
en arrivant. Je ne fais que penser à toi. Tu es si bon et si malheureux, et tu
mérites si peu de l'être. Au moins, si tout mon tendre amour pouvait te servir
à te faire espérer un peu de bonheur, tu en aurais encore beaucoup dans ce
monde. J'ai l'âme déchirée de ta triste situation. Je finis. Je sens que je
t'affligerais. Je te prie de ne jamais douter de tous les tendres sentiments de
ta fidèle amie Louise ».
Paul Schouwaloff, aide de camp du Tsar a pris le
commandement de l’escorte des 25 Cosaques qui, à Angerville, ont remplacé le
détachement de cavalerie de la Garde impériale. Le gouvernement provisoire de
Talleyrand, de son côté, a expédié des ordres formels au général Hamelinaye, le
commandant du département du Loiret. Louis Madelin a eu dans les mains un
original : « M. le capitaine Cousin est prévenu que l’intention du Gouvernement
provisoire est que l’Impératrice ne prenne sous aucun prétexte la route de
Fontainebleau. Si contre toute apparence, Sa Majesté voulait dévier de la route
de Paris pour se diriger sur Fontainebleau, M. Cousin s’y opposerait de tous
les moyens et rappellerait à M. le général Caffarelli les ordres que je lui ai
fait connaître à Orléans. Signé : le général de division Jan Hamelinaye » (Note
bas de page 245 Lettres Inédites de Napoléon 1er à Marie-Louise. Editions
Bibliothèques Nationales de France, en 1935, avec notes de Louis Madelin)
Comme son secrétaire le baron Méneval témoin oculaire, on
peut penser que Marie-Louise est, de fait, prisonnière des troupes alliées. A
Rambouillet, Marie-Louise passe les journées du 13 du 14 et du 15 à attendre
son père. Tantôt elle se promène dans le parc avec son fils. Elle ne peut
sortir car le château est gardé par des piquets de chevau-légers de Finlande,
servant sous drapeaux russes. Tantôt, le plus souvent, elle demeure au château,
agitée dans ses appartements ou immobile, accablée, versant des larmes. La
Reine Hortense lui fait une visite le 15 avril. Marie-Louise paraît triste et
abattue. Elle se plaint de son abandon et s’inquiète de la prochaine arrivée de
son père. En partant pour La Malmaison, la Reine Hortense croise l’Empereur
d’Autriche, dans une calèche découverte, seul, accompagné du prince de
Metternich. En arrivant à La Malmaison, Hortense trouve la cour remplie de
Cosaques et le Tsar se promenant dans le parc, avec Joséphine, sa mère.
Marie-Louise, accompagnée de Mme de Montesquiou et de son
fils, descend l’escalier du palais pour accueillir son père. En l’apercevant,
elle fond en larmes, avant même de l’avoir embrassé et lui jette vivement le
petit Roi dans les bras. C’est là un muet reproche que doit comprendre
l’Empereur François II en serrant sur son cœur son petit-fils qu’il voit pour
la première fois et dans ces circonstances si douloureuse pour la mère.
Marie-Louise prend à peine le temps de présenter les personnes de sa Maison et
passe rapidement dans son appartement. Le grand-père n’est pas moins ému. Il
veut revoir son petit-fils, le regarde avec tendresse et, comme pour s’excuser
de ne pas l’avoir mieux défendue, promet de veiller sur lui. L’Empereur
François y passe la nuit et repart le lendemain à 9 heures, après avoir décidé
Marie-Louise de venir à Vienne se reposer dans sa famille, puis qu’elle irait
ensuite rejoindre, librement, son mari, en habitant dans son duché de Parme. Deux
bataillons d’infanterie et deux escadrons de cuirassiers autrichiens viennent
remplacer les troupes russes qui occupent de château de Rambouillet...
EN PREPARATION, LE JUBILE IMPERIAL DE RUEIL-MALMAISON, 24 et 25 SEPTEMBRE 2022 !!!
A NE PAS MANQUER, EVENEMENT DE L'ANNEE !!!
BON VENT !
|
|
|
|
|
|
|
LES BRETONS SOUS L'EMPIRE |
|
|
LE GENERAL PIRE
Archives diocésaines de Quimper et du Léon : " La maison Rosnyniven ( primitivement Rochnyvinen), tire son nom et son
origine de la terre de Rosnyvinen, située dans la paroisse de Ploudiry, laquelle faisait partie de l'ancien évêché de Léon. Rochnyniven, ce nom signifie
en Bas-breton, roche des ifs. Ifs en breton donne ivinen, d'où le nom Ivinec répandu. Ce n'est que plus tard, au XVI° siècle, que cette famille portera le nom de
Piré, après le mariage, en secondes noces, de Guillaume avec la demoiselle
Hélène Bonenfant, héritière de la terre du Plessis-Guérif, devenant Rosnyvinen
au lieu de Rosnyniven ". Le père de notre général Piré est Pierre-Marie de
Rosnyvinen, comte de Piré, né à Rennes, le 27 juin 1738. Il entre au service en 1755, comme Garde marine et il est
fait prisonnier sur la
Mignonne. Enseigne en 1761, il quitte le service à la mort de
son frère et participe aux Etats de Nantes en 1764. En 1783, il présente au Roi Louis XVI, un Mémoire sur
l'établissement d'un port à Saint-Malo et sur les canaux à ouvrir à l'effet de
réunir Angers à Saint-Malo par Laval, Vitré, Rennes et Dinan. Le projet de Piré est accepté. Louis XVI très instruit dans la science géographique et plein d'ardeur pour les
améliorations que la France
attendait, reçut avec plaisir la carte générale des travaux projetés. Piré est
présenté au Roi, mais la
Révolution interrompt ce projet et Piré va émigrer à Coblentz
avec sa famille. Il a épousé en mars 1773, Hélène Eon de Vieuxchâtel,
mariage qui le rend allié à la branche cadette de Savoie-Carignan. Revenu d'émigration en 1800, il meurt à Rennes le 18
pluviôse an X (février 1802). Il a une rue à Rennes.
A Piré-sur-Seiche, canton de Janzé, arrondissement de Rennes,
Hippolyte de Rosnyvinen, comte de Piré, repose auprès de ses ancêtres
dans l’enclos paroissial. Général de division du Premier Empire, Grand
officier de la Légion d‘honneur, il est né à Rennes le 31 mars 1778 à
l’Hôtel du Contour de la Motte qui sera plus tard l’Archevêché. Héritier
d’une grande famille, sa mère Marie Hélène, est une Eon de Vieux-Châtel
et son père Pierre, comte de Piré, dit le « Petit Piré », a mené la vie
dure au duc d’Aiguillon, gouverneur de Bretagne. Très instruit, il se
complaisait dans les travaux scientifiques, et sur l’étude des
canaux reliant la Loire à la Vilaine,de l’Ille à la Rance et l’amélioration du port de Saint-Malo en port de guerre. Hippolyte de Piré émigre en 1791 et devient Garde du corps du Roi en
servant à l’armée des Princes en 1792. Sous-lieutenant en 1794, il sert
en Hollande au régiment de Rohan-Soubise et participe à la descente de
Quiberon, le 25 juin 1795, comme aide de camp de Sombreuil et y sera
blessé à la poitrine devant le fort de Penthièvre. Il parvient à
échapper au massacre, se fait incorporer dans le groupe du comte de
Puisaye, lui aussi rescapé de Quiberon, et réembarque avec lui sur
l’escadre Anglaise. Il débarque le 16 mars en mars 1796, à la pointe du Meinga, entre
Saint-Malo et Cancale, avec un groupe de 27 gentilhommes, dont le comte
de Bourmont, Suzannet, Charles Tuffin de la Rouerie. Ils ont l'intention
de rejoindre, à Fougères, les troupes du comte de la Puisaye. Au cours
d'un accrochage avec les Républicains, il sera blessé d’un coup de
baïonnette à la main. En fuite, La Rouerie sera tué à Saint
Méloir-des-Ondes et les deux jeunes comtes de Sérent à La Fresnais, où
un monument rappelle le fait d'armes. On le
voit les armes à la main dans le pays qu’il connaît bien, entre Rennes
et Fougères, jusqu’à la pacification en juillet 1796.
Après le 18 brumaire, Bonaparte,
Premier consul, adresse une proclamation d'amnistie aux départements de
l'Ouest. Piré se retire chez lui à Rennes pour mener joyeuse vie.
En 1800, date à laquelle le Consulat succède au Directoire et rétablit
la paix civile avec la liberté des cultes, Hippolyte s’engage dans les
Hussards volontaires du Premier Consul. Piré écrit à ce moment : «
Servir cet homme est servir sa Patrie en combattant pour son
indépendance, en concourant au-dedans au rétablissement de l’ordre ». Maréchal-des-Logis le 1er mai 1800, capitaine le 20 juin, l’avancement
est rapide à cette époque où l’on a besoin de cadres de valeur, mais son corps est licencié, le 16 août 1801, suite à la victoire de Marengo. Le 24 novembre de cette même année, il épouse sa cousine Marie-Pauline
Hay des Nétumières, fille du propriétaire le plus imposé
d’Ille-et-Vilaine, le plus riche en biens fonciers. Cette femme de
petite santé, modèle de fidélité lui donnera quatre enfants, quatre
fils…Edouard, en 1803, Ernest, en 1805, Alexandre, en 1812 et Victor, en
1815. Hippolyte de Piré, replacé en activité, est versé à l’état-major général
de la Grande Armée comme capitaine le 22 septembre 1805. Il sera à
Austerlitz le 2 décembre. En 1806, durant la campagne en Allemagne, capitaine commandant la
compagnie d’élite du 5° Hussards de la brigade Lassalle, il est chargé
de la poursuite à travers le pays, à la tête d’un détachement de 50
cavaliers d’élite, 25 du 5° sous les ordres de Quack et 25 du 7° sous
Curély. Il entre ainsi dans Leipzig dont il s’empare le 12 octobre. Le
28, Piré se présente seul avec un trompette parlementaire devant
Stettin. Piré parle avec tant d’assurance et d’arrogance au général
Rhomberg, commandant de la place qu’il capitule malgré ses 6.000 hommes
et 200 canons. Lasalle, Berthier, Napoléon lui-même, sont ébahis et
l’Empereur écrit à Murat « Si nos cavaliers prennent les forteresses, il
ne reste plus qu’à fondre les canons »…Ce 30 décembre 1806, Piré est nommé chef d’escadrons au 10° Hussards. Il se distingue encore à Eylau le 8 février 1807. Aide de camp de Berthier en mars, il est promu colonel du 7° Chasseurs,
division Lasalle, le 25 juin après avoir été fait chevalier de la Légion
d’honneur par Murat lui-même et chevalier du Mérite militaire du
Wurtemberg.
1808, En Espagne où il est fait baron de l’Empire le 2 août. Le 30
novembre, il est aux côtés du Major-général, le maréchal Berthier, lors
de l’attaque du col de Somo-Sierra. Voyant la position du col, le
colonel Piré dit : " c’est impossible !" - Napoléon : " Impossible n’est pas Français ! " et
il lance son escadron de service les Lanciers Polonais du capitaine
Kozietulski, escadron de fraîche formation qui n’a jamais vu le feu. La
charge héroïque impressionne les Espagnols qui s’enfuient. La charge de
150 hommes, qui perd 57 tués ou blessés, a ouvert la route de Madrid…Mars 1809, Piré est nommé général de brigade et commande la 2° brigade
(8° Hussards et 16° Chasseurs) de la division Montbrun. C’est la
campagne d’Autriche en avril 1809 et Piré sera à Tengen, Schierling,
Eckmühl et Ratisbonne où il est blessé à la tête tandis que Napoléon est
blessé au pied…Ebersberg le 3 mai, Essling le 21 et 22 mai et enfin Wagram le 6
juillet. La bataille allait finir quand Lasalle, son chef direct, lui
ordonne de charger avec Pajol une brigade Autrichienne en retraite vers le bourg
de Leopoldau. Au cours de cette dernière charge, Lasalle est tué d’un
balle en plein front…Après Wagram, le commandant Parquin qui a laissé de si intéressants
Souvenirs raconte que alors sous-lieutenant au 20° Chasseurs à cheval,
cantonnant en Moravie dans le château du prince Esterhazy en compagnie
de son maréchal-des logis et de son peloton de 25 cavaliers, il voit
arriver le général Piré avec ses aides de camp, l’état-major du 16°
Chasseurs à cheval et la compagnie d’élite du régiment. Il offre sa
chambre au général qui accepte à condition de choisir après lui et
d’accepter son couvert à sa table. Tout le monde est parfaitement
installé au château. Le général Piré est un bon vivant. Il ne voyage
jamais sans son cuisinier ce qui réjouit le prince Esterhazy : " A la
bonne heure ! on peut au moins ouvrir un compte avec une clientèle
pareille, avec des hôtes qui savent ce que c’est de vivre… " Parquin
note : " A 10 h. le déjeuner à la fourchette est servi, à 5 h. le dîner à
deux services, dessert, café et liqueurs. Le billard, les dés et les
cartes complètent agréablement le temps qui s’écoule doucement. A partir
du 15 août, la chasse est ouverte. Le général est bon tireur et en
compagnie de sesaides de camp, nous avons fait de nombreuses victimes
parmi le gibier ". Muté à l’armée d’Allemagne le 21 juillet 1806, Piré sert ensuite à
l’armée du Brabant le 20 janvier 1810, puis le 1er mai, au corps
d’observation de Hollande, et en avril 1811 de nouveau en Allemagne, au
corps d’observation de l’Elbe.
En janvier 1812, il est affecté au corps
de Réserve de Cavalerie de la Grande armée, commandant la 3° brigade de
cavalerie légère de la 1ère division de Bruyères.
Juin 1812 : Campagne de Russie au cours de la quelle Hippolyte Piré se
distingue dès le 25 juillet à Ostrowno. Dans le 10° bulletin on peut
lire « La cavalerie légère se couvrit de gloire et Murat, roi de Naples,
cite la brigade Piré (7° Hussards et 16° Chasseurs), succès dû à une
magnifique charge exécutée par le général Piré »…Pourquoi cette citation
élogieuse ? A Ostrowno, Piré se trouve en présence d’un régiment d’artillerie Russe, flanqué de trois régiments
de cavalerie. Il se précipite sans hésiter au coeur du front le brise
en deux tronçons, charge à droite puis se rabat sur la gauche et lui
enlève ses canons. Pour cette action Piré sera fait Officier de la
légion d’honneur sur le champ de bataille.
En 1813, il participe aux deux campagnes celle du printemps avec les
victoires de Lützen et de Bautzen et celle d’automne, commandant le 1°
brigade de la division de cavalerie légère du général Corbineau. Le 29
août 1813, à 6 heures du matin, sur ordre de l’Empereur, Piré avec sa
brigade passe les ponts de Dresde pour se rendre à Meissen à mi-chemin
entre la capitale de la Saxe et Leipzig et pour se mettre en liaison
avec le général Margaron qui s’y trouve. Le 8 septembre à 3 heures du
matin Napoléon recommande au général Piré de bien éclairer les abords de
Bautzen et de chasser les Cosaques qui interceptent les communications
de la ville. Promu général de division le 15 octobre, il prend le commandement de la
9° division de cavalerie légère du 5° corps de cavalerie sous les ordres
du général Milhaud et se distingue à nouveau les 16 et 18 octobre 1813,
lors des violents combats de Leipzig, la Bataille des Nations, défaite
qui marque le début de la fin de l’Empire. Le mardi 19, c’est la retraite sur Mayence vers le Rhin. Le 21 octobre,
général Piré reçoit l’ordre de suivre le général Lefebvre-Desnouettes
qui marche sur Fribourg avec 5.000 hommes, de passer sur la rive droite
de l’Unstrut, d’occuper toute la plaine dans la direction de Weimar et
d’Erfurt, de faire des reconnaissances et de se renseigner sur ce qui se
passe à Cassel, capitale du royaume de Westphalie du roi Jérôme
Bonaparte. Il couvre ainsi le flanc droit de la Grande Armée en
retraite.
1814. Les Alliés ont passé le Rhin et la campagne se déroule cette fois
sur le sol national. Les Autrichiens sont entré en France par la Suisse
et les Russes et les Prussiens au nord de l’Alsace. 31 décembre 1813, à 5
heures du matin, encore dans la nuit, le général Piré est près de
Colmar à la tête de 650 « Volailleux » réunis sous le nom pompeux de «
division de cavalerie légère » (3° Hussards, 14°, 26° et 27° Chasseurs).
Il sabre les Uhlans et les Hussards du général Bavarois De Wrède et
surprend au lit le général Hardegg, ce général du diable qui harcèle les
estafettes, attaque les patrouille, enlève les isolés. Il faudrait en
Alsace un chef intrépide mais le maréchal Victor ne songe qu’à la
retraite car il a trop peu de troupes à opposer aux torrents que les
Alliés déversent sur la France. Le 10 janvier Piré à Saint-Dié, le 29 à Brienne et les 1er février à La
Rothière. Piré, comme Pajol, vif comme l’éclair fait des prouesses
sabrant les régiments Russes pris de flanc. Le 16 février, c’est à Mormant dans l’après-midi qu’il rencontre des
Chasseurs Russes. Il les attire dans un ravin et en arrivant sur la
crête opposée, ordonne brusquement un demi-tour, le premier rang faisant
haut-la-carabine a ouvert le feu en plongeant dans la masse ennemie et
lui cause de grandes pertes. A Troyes le 24 février, à La Ferté-sur-Aube le 28, Piré sera au dernier
combat à Saint-Dizier le 23 mars avec 400 Chasseurs et Hussards. Il
s’empare des bagages de Langeron, émigré français, général au service des
Russes, lui enlève 500 chevaux, des provisions et fait 800 prisonniers. A Chaumont, le 25 mars le général Piré traverse la ville, coupant la
ligne d’opération des Alliés, enlève des courriers, subtilise des
bagages et quelques canons. Il soulève des paysans mais c’est trop tard.
Alerté par une lettre de Lavalette, Napoléon est en route pour Paris
qui va tomber et se replie sur Fontainebleau. A Fontainebleau, la 3 avril 1814, l’Empereur le fera comte de l’Empire
en témoignage de sa satisfaction pour ce soldat fidèle et dévoué.
A la Restauration Hippolyte de Piré est mis en non-activité et se retire
à Piré. Il a agrandit le château et se consacre à sa famille. Mais, en
mars 1815, le Retour de l’île d’Elbe le sort de sa réserve et il file à
Rennes où, avec le général Bigarré, un autre Breton du Morbihan, il fait
proclamer l’Empire à Rennes et se rend à Paris se mettre à la
disposition de l’Empereur qui le nomme gouverneur du Palais du Louvre et
des Tuileries, puis au commandement de la 2° division de cavalerie
légère placé sous les ordres du général Grouchy, commandant supérieur des 7° et19° division militaires. Grouchy est
envoyé à Lyon en avril 1815, pour contenir le duc d’Angoulême qui monte
la vallée du Rhône et si possible le faire prisonnier pour l’échanger
contre l’Impératrice Marie-Louise restée à Vienne avec le petit Napoléon
II. Piré commande l’avant-garde, descend sur Romans où il rallie les
troupes du général Debelle venues de Grenoble. Par un mouvement tournant
les royalistes sont pris à revers et un court combat à Pont
Saint-Esprit donne la victoire aux Impériaux et le bâton de maréchal à Grouchy. Piré sera appelé à siéger au conseil de
guerre qui doit décider du sort de Louis de Bourbon, duc d’Angoulême,
neveu et gendre de Louis XVI et futur dauphin à la mort de Louis XVIII.
Il est finalement conduit à Sète pour être exiler.
Aux premiers jours de juin 1815, Hippolyte de Piré est affecté au 2°
corps du général Reille à l’armée du Nord. C’est le début de la courte
campagne de Belgique. Piré sert aux Quatre-Bras où il fait des prodiges
qui ne serviront à rien à cause des retards pris par le maréchal Ney. Le
18 à Waterloo, il est placé à l’extrême gauche du dispositif à gauche
de la ferme et du bois de Hougomont qui est prévu pour servir de point
de fixation. Jérôme Bonaparte voulant faire du zèle s’escrime toute la
journée sur cette ferme et fait tuer trop de monde. Piré est laissé seul sans être employé. Ce sera bien
le seul de cette journée à ne pas souffrir, ses Lanciers se bornant à
des attaques sur la chaussée de Nivelles et sa batterie à procéder des
tirs d’artillerie pour enfoncer les murs de la ferme. Le soir de la terrible retraite, poursuivis par les Prussiens, les
cavaliers du général Piré peuvent se rallier sur les Quatre-Bras et les
débris de la grande armée se rassemblent sur Laon. Le 1er juillet à Rocquencourt près de Versailles, dernière étincelle
de l’Epopée Impériale, verra les généraux Exelmans et Piré, avec le 44°
de Ligne, sabrer les Prussiens du général Sohr et poursuivre dans les
rues de Versailles les Hussards de Poméranie et de Brandebourg, faisant
437 prisonniers, le reste des 800 Prussiens étant blessé, tué ou
disparu. Grâce à l’intervention de Vitrolles, le général Piré sera simplement
proscrit par l’ordonnance du 24 juillet 1815, chef d’oeuvre du Nantais
Fouché, ministre de la Police du roi Louis XVIII, lui qui avait pourtant
bien voté la mort de Louis XVI…Par la protection du tsar Alexandre qui
se souvient des ses exploits d’Ostrowno, Piré choisit de s’exiler en
Russie. Il passe alors en Allemagne par Dresde où il réside un moment ayant là aussi laissé de bons souvenirs. Le duc
d’Otrante Fouché, en disgrâce maintenant que le trône s’est raffermi, y
est nommé ambassadeur et rejoint avec sa toute jeune épouse Ernestine de
Castellane. Piré regagne Saint-Petersbourg où il demeure jusqu’en 1819
quand Louis XVIII l’autorise à renter en France. En 1820, il est fait Chevalier de Saint-Louis et sans commandement il
rejoint son château de Piré. L’antique manoir de ses ancêtres est devenu
une des plus belles habitations des environs de Rennes. Le temps passe
et Piré est toujours délaissé par le pouvoir. En 1827, il a la douleur de perdre son fils aîné, Edouard. Ses autres
enfants vont leur train son fils Ernest épouse Gabrielle de Sampigny
d’Isancourt, son troisième fils Alexandre, « l’enfant de Wagram » épouse
Laurence de Lambilly, de vieille famille rennaise et son dernier
Hippolyte épouse sa cousine, la fille d’Ernest. En 1846, il aura le
chagrin de perdre sa femme. Sous la Monarchie de Juillet, en 1830, Piré aura quelques commandements
de divisons militaires à Châlons-sur-Marne puis à Metz et enfin
Montpellier. En janvier 1834, il est fait Grand Officier de la Légion
d’honneur. Cependant il ne participe ni à la prise d’Anvers ni à la
Conquête de l’Algérie. Il n’accède pas plus à la pairie qui le tente
tellement. La Révolution de 1848 le verra mener son dernier combat sur les
barricades. Il a 70 ans il sert en simple uniforme de garde national. La II° République lui décerne le titre de « Premier Garde national de Paris » dont il se disait très fier…Deux ans plus tard le 21 juillet 1850, il meurt à Paris. Son corps est déposé dans les caveaux de l’Eglise de la madeleine et un
service solennel est célébré le 6 août en présence de la 1ère Légion de
la Garde nationale, puis il est transporté à Piré-sur-Seiche, sa
paroisse où il est inhumé auprès de ses ancêtres le 19 août. Il avait, avant de mourir, la joie de voir son nom gravé sur l’Arc de Triomphe de l’Etoîle.
|
|
|
|
|
|
|
LE DOCTEUR BROUSSAIS DE SAINT-MALO |
|
|
Un grand Malouin : François Broussais, qui a donné son nom à un fameux hôpital parisien...
Les Broussais appartiennent à cette classe moyenne si importante dans
l’Ouest, à la « bourgeoisie à blasons » dont parle le Doyen Kernéis à
propos des Clemenceau ou des Laënnec. Gens de robe, médecins, notaires, architectes ou recteurs de
paroisse, ils sont présents dans ce pays des bords de Rance, de Dinan à
Saint-Malo. Jacques Broussais est le cinquième fils des Broussais de Grandcamp. Chirurgien de marine, il
sert sur le «Victor », alors qu'il s’apprête à appareiller de Marseille
pour Lisbonne, le 17 décembre 1772, dans une maison aujourd’hui disparue de la rue de La
Harpe, au 4° étage au-dessus de l’officine de la grand-mère maternelle, naît son fils François Joseph Victor. Cette rue porte désormais son nom, au coin de la rue Entre-Deux-Marchés prolongeant la rue de Dinan vers la Place du Pilori. Les premières années de la vie de François Broussais se passent à
l’ombre des boiseries à tiroirs de l’officine de Renée Desvergers, sous les rayons garnis de mystérieux pots de faïence colorés, de
verreries, de vases et de mortiers de bronze ou d’étain. Les clients
parlent de leurs maux de l’autre côté du comptoir supportant la balance à
plateaux cuivrés. Choyés par les trois femmes, François court déjà vers
la mer, mené sur la grève par sa nourrice Mme Pitot, par sa mère ou sa
grand-mère. Le dimanche après la messe, si l’heure de la marée est
propice, si les vents sont bons, on va parfois à Dinan, par Saint-Suliac, sur les bateaux des bateliers de la Rance. A la fin de la campagne de Terre-Neuve de 1776, Jacques Broussais met un
terme à sa carrière de « chirurgien navigans », il pose sac à terre
après 21 ans de navigation. C’est au bourg de Pleurtuit qu’il
s’installe avec sa famille, confortablement dans une demeure de l'actuelle rue Jean Boyer. Le chirurgien s’intègre vite à la vie de ce
bourg, en perpétuel mouvement, du fait des mouvements de la Rance avec
les marchés et les foires, les marées et la pêche. Jacques Broussais
apparaît comme un homme « voué aux lumières » de son époque, soulevant
de plus, l’argument d’une présence constante comme « chirurgien des
pauvres »
C’est à Pleurtuit que le petit François apprend à lire avec son oncle
l’abbé Noguès. Une parente religieuse lui apprend le chant. Il prend des leçons de latin et apprend à servir la messe. Le
soir son père l’envoie porter à cheval les médicaments qu’il a prescrit,
dans la journée, à ses malades. C’est un enfant de caractère, avec un
sens indéniable des responsabilités mais batailleur et emporté. On l’a
surnommé « Franchin ». Bientôt, à 12 ans, il ira au collège de Dinan, antique institution,
antérieure au rattachement de la Bretagne à la France (1532). En 1776, l’avant-dernier évêque de Saint-Malo, l’a réinstallé dans l’ancien
couvent des Bénédictines de la Victoire. Lorsque François y entre, c’est devenu
un établissement de valeur, à la fois collège et grand séminaire. Il fait la connaissance de Châteaubriand. " Mémoires d’Outre-tombe " : « M. Broussais, mon compatriote, étudiait avec moi à Dinan. On menait
les élèves se baigner tous les jeudis…Une fois je pensais me baigner,
une autre fois M. Broussais fut mordu par d’ingrates sangsues,
imprévoyantes de l’avenir ». François reste au collège jusqu’à la Révolution et comme il a adopté les
idées républicaines de son père, il les expose en logicien avec sa
fougue habituelle et les fait acclamer par tous ses camardes : « il
devient ainsi l’âme vivante du collège »
En 1789, François Broussais a 17 ans. Après la prise de la Bastille des drapeaux
tricolores remontent la Rance sur des bateaux où des jeunes crient «
vive la liberté » Au moment de la création des départements le député Bodinier ne réussit
pas à faire instituer un sixième département breton qui aurait été celui
de « La Rance », avec Saint-Malo comme chef lieu. En compensation le
district malouin se voit rattacher quatre communes, jusqu’alors paroisses de la sénéchaussée de Dinan sur la rive gauche de la Rance et
parmi elles Pleurtuit qui rentre ainsi dans le département de
l’Ille-et-Vilaine. L’abolition des privilèges et des droits féodaux, la constitution civile
du clergé vont plonger les provinces de l’Ouest dans une période de
troubles sans fin auxquels Pleurtuit n’échappe pas. Le château de
Pontbriand est plusieurs fois pillé par ceux qu’on ne nomme pas encore
les Bleus, tandis que les partisans de la résistance royaliste
organisent des réseaux protégeant les prêtres non jureurs et les émigrés embarquant clandestinement. Sur les rives de la Rance, en
particulier à La Jouvente, on découvre au matin des équipages et des
voitures abandonnées par ceux qui ont fui dans la nuit grâce aux
passeurs locaux vers les îles Anglo-Normandes. En 1791, après avoir satisfait à ses examens de philosophie, François
Broussais revient dans sa famille. Au contact de son père, il s’empreigne des idées voltairiennes et républicaines qu’il conservera
toute sa vie. Dans les six mois qui vont suivre, la France est au bord
du gouffre de la défaite militaire, dont ni Dumouriez ni ses adversaires
de l’Assemblée ne veulent prendre la responsabilité. Le renvoi des
ministres girondins, le refus opposé par le Roi aux décrets contre les
prêtres réfractaires et la réunion sous les murs de Paris d’un camp de
20.000 fédérés, font exaspérer les clubs hostiles à la monarchie et le
20 juin 1792, une foule hurlante envahit les Tuileries et coiffe Louis
XVI du bonnet rouge. L’absurde manifeste du duc de Brunswick provoque un
élan patriotique qui encourage les Jacobins. Le 10 août, les Gardes nationaux attaquent les Tuileries
défendues par 800 Suisses et la famille royale se réfugie à l’Assemblée,
qui vote la suspension des pouvoirs du Roi et convocation d’une
Convention Nationale. Lors de sa première séance, le 21 septembre 1792,
au lendemain de Valmy, la Convention abolit la Royauté et décrète la
République. Ces évènements ont un retentissement considérable en Bretagne où la
conspiration de La Rouërie, trahi par son ami, le docteur Valentin
Chevetel, va échouer. François Broussais a choisi son camp : il s’engage
à la 1ère compagnie des Grenadiers des Côtes-du-Nord le 20 août 1792.
La longue période où il sert comme volontaire national est jalonnée de
lettres à son père et à Marie-Jeanne, jeune fille qu’il a connu et qui sera un jour sa femme. Le 6 mars 1793, il est caporal et combat, entre Lamballe et Moncontour,
des bandes menées par l’intrépide Boishardy, un des chefs de la
Chouannerie au courage légendaire qui sera, trahi lui-aussi, tué dans
une embuscade à Dahouet. On dit que Balzac s’en est inspiré pour son
roman Les Chouans. En cet été 1793 où la Terreur est à l’ordre du jour « Lyon n’est plus,
le Midi se révolte, Toulon se donne aux Anglais ». Mais à Nantes, grâce à
l’énergie du maire René Baco de la Chapelle, la résistance tragique de
la garnison de Nort-sur-Erdre sous les ordres de Meuris, retardant la
venue de Cathelineau, leur faisant brûler toutes leurs cartouches, les
Blancs n’ont pas réussi à prendre à la fin juin. Ils se sont dispersés, multipliant les coups de main de Cholet aux Pont-de-Cé, de Nort-sur-Erdre à Luçon où d’Elbée échoue. Le 23 juillet Broussais escorte un convoi et loge à Nantes " chez une
citoyenne Charrette, fille rentière ". Est-elle une parente du
Chevalier, alors maître du Marais, tandis que d’Elbée est généralissime
de l’armée Catholique et Royale après la mort de Cathelineau le 19 juillet. Le 23 juillet, le Comité de Salut Public décide d’envoyer en
Vendée les 20.000 hommes de Kléber libérés par les Prussiens après la
capitulation de Mayence sous condition qu’ils ne servent pas pendant un
an contre les armées coalisées, mais peuvent donc servir dans
l’intérieur. Le 13 août une lettre de François à son père : " Cher papa, J’ai reçu votre lettre le 11 au soir elle était sans doute à la poste
depuis quelque jours mais je n’ai pas pu la recevoir plutôt parce que nous étions encore au bivouac au même lieu où nous avions passé déjà
été, nous y allons tous les huit jours et nous y passons trois jours,
grâce à Dieu personne de notre compagnie n’a encore été blessé il y a
deux hommes de tués et deux blessés mais c’est dans un autre bataillon.
Je n’ai pas beaucoup de nouvelles à vous apprendre, les Brigands ne
bougent pas encore, on attend l’armée de Mayence qui doit attaquer dans
la Vendée tandis que Nantes se tiendra sur ses gardes. Cette armée doit
arriver sous quinze jours ou trois semaines par marches à
grandes journées. C’est sans doute le dernier coup que l’on va porter à
ces scélérats je ne crois pas qu’ils résistent, au reste la volonté de
Dieu quand il sera las de leur Brigandage il les exterminera. Ils ont
attaqué il y a quelques jours un château distant de deux lieues de
Nantes, ils ont été repoussés avec perte, ils étaient plus de cinq mille
et la garnison n’était que de huit cent, ils n’ont tué qu’un homme et
blessé quatre vous voyez que nous avons toujours l’avantage. Nous languissons tous à Nantes on n’y boit que du mauvais vin et encore
et fort cher. Si on boit de l’eau de la Loire on est exposé à des
maux d’estomac et à de fortes tranchées, nous sommes obligé d’acheter
tout par cinq sous, les moindres billets de Nantes étant de cette
valeur. Puissions-nous triompher au plus vite et retourner dans nos foyers. Adieu, je suis avec respect, votre soumis fils, Broussais, caporal. J’ai reçu les dix francs ils m’ont fait grand bien, car j’avais été
obligé de contracter quelques dettes. Je vous remercie mille fois."
Le docteur Michel Valentin, auteur de la biographie de François Broussais : " Un destin aveugle va pourtant lancer les chefs royalistes vers une
série d’aventures dans lesquelles ils oublient que leurs troupes
héroïques mais casanières, invincibles sur leur territoire mais
déconcertés au-delà, risquent de se perdre si elles s’éloignent de leur
territoire. L’appui extérieur de Princes et des Britanniques ne sera pas
au rendez-vous ou viendra trop tard…Voici le moment de l’incroyable "
Virée de Galerne ", ce mot qui veut dire en dialecte de l’Ouest " un coup
de vent de noroit ". En ce mois de novembre 1793, la grande « Virée » continue mais comme
l’avait prévu Kléber et l’avait craint Charrette, les Blancs vont échouer. Ils se lancent vers Granville, objectif primordial puisque
la flotte Anglaise avec les Emigrés doivent y arriver. Mais la
résistance de la garnison républicaine est si pleine d’ardeur, grâce au
Représentant du peuple Julien qu’à peine les assaillants mettent le siège et désespérés de ne pas voir les bateaux annoncés ils partent
au bout de deux jours sans attendre la flotte Anglaise. L’exode se
poursuit, redescendant vers Fougères, puis Laval et aux Pont-de-Cé en
décembre, pour finir à Savenay... Mais, Broussais tombe malade, comme le décrit le certificat retrouvé dans un dossier de la Bibliothèque de Médecine de Paris : " Nous membres du Conseil d’Administration de ladite Compagnie
certifions avoir donné congé absolu au Citoyen François Broussais,
caporal-fourrier d’icelle, natif de Saint-Malo, âge de 25 ans, taille de
5 pieds 3 pouces 6 lignes, cheveux sourcils et barbe brun, yeux bruns,
nez large, bouche moyenne, menton fourchu; que ledit Broussais a servi
avec zèle et courage depuis la formation de ladite Compagnie le 20 août
1792 jusqu'au 16 frimaire An 2 (6/XII/1793) époque à laquelle il entra à
l’Hôpital et d’où sortant il fut mis en réquisition comme officier de
santé Locmariaquer près d’Auray, le 1er Prairial An IV de la République
Française "
Dégagé de ses obligations militaires François Broussais rejoint son
domicile à Pleurtuit fin janvier 1794. En juin 1795, il est à Pontanezen, au nord de Brest, puis à Brest même, où il étudie l'anatomie, avec deux hommes
célèbres, les professeurs Duret et Billard, officiers de santé en chef
de l'Hôpital maritime. Broussais sort premier de sa promotion avec le
grade de médecin auxiliaire de 3° classe de la Navigation nationale. Il embarque sur le Trajan
vaisseau de 74, en qualité de chirurgien de 3° classe. Ne recevant plus
de lettres de ses parents, il s'inquiète, lorsqu'il apprend à l'Hôpital
de Brest, l'assassinat de ses parents par des Chouans. Pendant la nuit du 4 au 5 nivôse de l'An IV (25 au 26 décembre 1795),
des hommes armés, introduits par une domestique, ont assailli Jacques
Broussais et sa femme qui sont retrouvés morts le matin. Le chirurgien
gît décapité dans son grenier, son fusil à ses côtés. quant à la
malheureuse épouse, d'abord horriblement blessée, elle a tenté de fuir
dans sa cuisine où elle s'est effondrée. Tous deux ont été torturés avant d'être exécutés. La tradition raconte
qu'on les a " chauffés " dans l'âtre et un rapport au Directoire écrit
qu'on retrouva " l'infortunée épouse massacrée dans son lit à coups de
sabres et qu'on poussa la barbarie jusqu'à lui couper la mamelle ". Le soir même le maire et les membres de l'administration municipale font
procéder à l'inhumation des corps des époux Broussais.
François Broussais est aussitôt mis à terre par la Marine et renvoyé à
Saint-Malo. Il se réfugie chez les Froussart, dans la famille de
Marie-Jeanne, à qui il écrit pour lui demander de venir adoucir sa
détresse. Ils se décident à se marier et c'est au registre de la mairie
de Saint-Servan, que l'on trouve les documents, à la date du 28 mars
1796. Les joies et les chagrins familiaux seront le lot du jeune couple.
Marie-Jeanne donne le jour à deux enfants Casimir qui ne vit que 23
jours et une petite fille qui meurt également avant ses deux ans. Quatre
enfants vont naître à Saint-Servan : Emile, en 1799, qui sera plus tard
avocat puis conseiller à Pondichéry, François, en 1800, futur médecin
militaire, Marie-Emma en mars 1802 et Casimir en 1803 qui sera lui aussi
médecin militaire et professeur agrégé au Val de Grâce. François Broussais est pourtant installé à Paris, loin de sa femme et de
son foyer. Il est logé à l'Hôtel de la Providence 87, rue de Cluny,
chez les hôteliers Delaunay, qui vont devenir ses amis. Il va vacciner
leurs six enfants, il mettra dix ans à rembourser sa pension et c'est
dans la maison des Delaunay, à Vitry, qu'il ira mourir en 1838. Mlle
Delaunay éditera les vingt-six volumes de ses " Annales ". Il est à l'Ecole de Médecine, où il découvre Corvisart titulaire de la
chaire de Clinique interne, professeur au Collège de France et bientôt
médecin du Premier Consul, et Guillaume Dupuytren, qui conduit les
travaux pratiques d'anatomie et de chirurgie avec un démonstrateur qui
sera un chirurgien remarquable avant de devenir l'un des créateurs de la
médecine sociale.
Trois autres maîtres vont avoir sur Broussais une influence profond :
Bichat un Franc-Comtois mort à 31 ans, créateur de l'anatomie
tissulaire, Cabanis disciple de Condillac et de Condorcet dont il a
épousé la belle-soeur Charlotte de Grouchy et Philippe Pinel l'un des
fondateurs de la psychiatrie. Parmi les condisciples du jeune Maloin, un autre Breton : Laënnec, né à
Quimper mais grandi à Nantes et venu des armées de la République comme
lui et Kergaradec, de Morlaix, qui deviendra son plus amical critique
tout en mettant en évidence leurs différences de conception
philosophique. Le docteur
Broussais s'installe, à Paris, rue du Bouloi, une petite rue oblique
tout près des Halles, derrière l'emplacement de l'actuelle Bourse du
Commerce.
Il ne réussit pas à faire venir une assez grosse clientèle ou n'a pas de
patience. Il va suivre les visites du matin de Desgenettes
au Val-de-Grâce et lui confie ses soucis. Desgenettes qui le
prend en amitié, conseille, en tant qu'ancien médecin de Marine
d'intégrer l'Armée. C'est ainsi que François Broussais reçoit un brevet
d'aide-major et le 9 octobre 1804, il est nommé " médecin ordinaire" à
l'Armée des Côtes de l'Océan. C'est sous l'uniforme que pendant plus de
trente ans, Broussais va poursuivre une étonnante carrière, partageant
les campagnes de l'Armée Impériale. Il est au Camp de Boulogne, le 17 brumaire An XIII ( 8 novembre 1804), puis sert successivement à Utrecht, Nimègue et Bruges. Puis c'est la campagne d'Autriche. A Austerlitz, Broussais sert sous les
ordres de Larrey, qui admire son dévouement et sa prophylaxie du
typhus, qui a éclaté parmi les 20.000 prisonniers Russes, faits au cours
de cette mémorable campagne. Sa belle conduite est signalée à Napoléon qui le nomme médecin ordinaire
à 4 galons et médecin chef de la division du général Foy qui part en
Dalmatie. C'est sans doute en Dalmatie qu'il se lie avec le maréchal
Soult et le général Maximilien Foy, dont les idées libérales, sinon
républicaines, correspondent à sa pensée. Le voilà bientôt à Udine en Frioul, chargé d'un important serrvice hospitalier. Son ardeur au travail frappe ses contemporains et Larrey a écrit " qu'au milieu des fracas de la guerre, dans les
hôpitaux et les pays étrangers, Broussais ne cessa jamais de travailler,
d'observer et de professer ". Pendant les trois années passées à Udine,
il ne cesse de prendre et d'accumuler des centaines d'observations
auxquelles, en fidèle élève de Corvisart, il joint, dans les cas
malheureux, des protocoles d'autopsie. Ce matériel considérable fait mûrir en lui les bases d'un ouvrage futur et dans le silence des nuits il compose son " Histoire des Plegmasies chroniques ". Pendant ses trois ans à Udine, Broussais souffre d'une affection fébrile et digestive à la fois. Les traitements de ses
confrères consistent en d'énergiques médications purgatives,
sudorifiques et excitantes dont il se méfie. Il préfère se mettre
à une diète, rigoureuse, ne buvant que de l'eau acidulée, et " forcé de
se lever par un froid assez vif, il sentit l'ardeur qui le dévorait,
calmée par l'impression de l'air..." Si limitée que soit cette
thérapeutique, elle contient celle que mettra en vogue la
future doctrine de Bourssais et l'entraîne davantage
dans l'idée d'écrire un livre ou de publier celui qu'il a
préparé. Son état de santé nécessite une convalescence et ses chefs lui donnent la
première permission depuis qu'il a intégré l'armée en 1804. Au début de 1808, Broussais quitte Udine pour Paris, les
manuscrits dans ses bagages. A peine arrivé, à Paris, rue du Bouloi, où
sa famille s'est fixée, il se met à travailler d'arrache-pied. Une
prolongation de congé obtenue grâce à Desgenettes lui permet de finir sa
tâche et enfin un libraire-éditeur, Gabon, 2 Place de l'Ecole de
Médecine, lui prend son manuscrit pour 800 frs. Ainsi paraît en 1808, en 2 volumes, in 8° en caractères romains : " L'Histoire des phlegmasies ou inflammations chroniques, fondées sur de
nouvelles observations de clinique et d'anatomie pathologique. Broussais ne fut jamais aussi heureux que lorsqu'il revient, rue du
Bouloi, son livre sous le bras. 1.125 pages en 2 volumes, le voilà
maintenant libre pour reprendre le chemin de l'armée, laissant une fois
de plus sa femme et ses enfants, rue du Bouloi. Broussais, indifférent au succès ou à l'échec de son livre, quitte la
capitale pour rejoindre, à pied, par les Pyrénées, l'armée du Roi
Joseph, en Espagne...
Celui qui prend la route, le 7 octobre 1808, n'est qu'un simple "
médecin ordinaire " ignoré des grands de ce monde et c'est sous l'autorité des médecins en chef
Gorcy et Brassier, qu'il passera le plus clair de son temps dans les
hôpitaux de la II° Division à Xerès, Salamanque, Avila et à Pampelune
après la bataille de Vittoria. Il sera médecin principal à titre
provisoire le 21 avril 1809. C'est par le pharmacien Antoine Fée, qui
sera plus tard un écrivain et un naturaliste renommé, docteur en
médecine et professeur à la Faculté de Strasbourg, que l'on peut suivre
le parcours de François Broussais en Espagne. Fée a alors vingt ans et
il est aide-major. Il a laissé des témoignages dans son " Souvenirs de
la Guerre d'Espagne ". (Tulard 535) : " C'était un homme excellent, fidèle à l'amitié, ayant toujours la main
et le coeur ouverts. Dédaigneux au plus haut point de la fortune et du
bien-être matériel, il se laissait aller à vau-l'eau, heureux de vivre
au jour le jour et de pouvoir satisfaire les nécessités du moment. Ce
qui chez lui éclatait en emportements dans les discussions
scientifiques, se manifestait en extrême sensibilité dans les
épanchements intimes. Il aimait à un égal degré deux choses qui semblent
s'exclure : le plaisir et l'étude... Broussais était d'une taille un
peu au-dessus de la moyenne. Quand il s'animait, ses yeux lançaient des
éclairs et sa physionomie habituellement calme pouvait devenir imposante
et presque terrible. Sa bouche s'ouvrait dédaigneusement lorsqu'il
parlait d'adversaires indignes de lui mais elle était charmante quand il
s'adressait à ses amis. Cette mobilité se retrouvait dans le son de sa
voix éclatante s'il cédait à l'emportement puis douce et caressante s'il
fallait persuader.. " Antoine Fée le rencontre pour la première fois à Xerès et le revoit à
Salamanque, à Avila où, malade, Broussais le soigne. Encore près de
Pampelune, après la bataille de Vittoria, où Wellington est vainqueur,
le 21 juin 1813 : " Broussais déjeunait sur un tertre élevé, dans un lieu fort
pittoresque. La cantine aux provisions était ouverte et plusieurs
personnes l'entouraient. Comme je passais discrètement après l'avoir
salué, je l'entendis appeler et il me reprocha en riant de faire le fier.
Je mourrais de faim et ne me le fis pas dire deux fois. " Ni les cruels événements de la guerre, ni les distractions du guerrier
n'empêcheront Broussais en Espagne d'accumuler des documents cliniques
et de travailler. En 1811, à Xerès, il écrit "une lettre sur le service de santé
intérieur des corps d'armée, adressée à MM. les chirurgiens-majors des
régiments ", petit manuel de 37 pages, rédigé en commun avec le
chirurgien principal Mocquot. Repliée peu à peu sur les Pyrénées,
l'Armée d'Espagne dispute, pied à pied, le terrain aux Anglo-Espagnols
de Wellington, qu'elle bloque devant Toulouse, en 1814, au moment du
retour des Bourbons.
Broussais, redevenu " médecin ordinaire ", tient
garnison à Pau, puis regagne Paris où il est, comme beaucoup de médecins
et chirurgiens militaires mis en réforme, le 1er juin 1804. Assez vite
grâce à Desgenettes et au maréchal Soult, il est rappelé au service le
18 novembre 1814. On le nomme d'abord, et c'est la promotion qui lui
ouvre les portes de l'avenir, médecin-adjoint à l'Hôpital du Val de
Grâce. Louis XVIII signe le 30 décembre 1814, une ordonnance
rétablissant le Val de Grâce comme Hôpital Militaire d'Instruction. Voilà les premiers jalons de l'ascension de François Broussais : la
thèse, l'Histoire des Phlegmasies, les travaux du médecin de l'Armée
d'Espagne. A peine une semaine plus tard, le 8 janvier, il est nommé
Second Professeur, c'est la nouvelle étape prestigieuse, qui le mènera à
la gloire. L'Abbaye Royale du Val de Grâce a été contruite par ordre de
la Reine Anne d'Autriche de 1645 à 1665 sous le nom de la Nativité,
pour marquer la naissance de Louis XIV. A la Révolution, le monastère
des Bénédictines devient le premier Hôpital d'Instruction des Armées et
le siège de l'Ecole d'Application du Service de Santé. Broussais en est
le maître inconstesté de 1816 à sa mort en 1838 comme Médecin-chef,
Professeur et Inspecteur général. Sa tombe se trouve toujours au pied de sa statue dans une des cours des bâtiments dessinés par Mansart...François Broussais a été bien traité sous la Restauration. Louis
XVIII, qui ne dédaigne pas récompenser les fidèles de l’Empire pourvu
qu’ils servent la Monarchie, l’a appelé au Val-de-Grâce et lui donne la
légion d’Honneur. En 1820, il sera promu Premier Professeur et Médecin
en chef du Val-de-Grâce. C’est à cette époque qu’il est inscrit dans un
almanach royal " Le Chevalier Broussais ". Outre ses livres déjà cités
Broussais publie énormément. Le 18 septembre 1821, l’illustre Corvisart succombe, comme il avait
prévu à une troisième attaque d’apoplexie, au 11 rue Vendôme, son
domicile parisien. Bien qu’ayant abandonné toute activité, Corvisart
avait conservé le titre et la charge honoraire de professeur de Clinique
Interne à la Faculté. Broussais voit, dans cette place devenue vacante,
l’occasion pour lui de l’ascension tant désirée. Mais il se rend compte
très vite que les membres du Conseil de Faculté , les premiers à être
consultés, ne lui sont pas favorables. En raison de ses démêlés avec ses
collègues. Il écrit donc directement au baron Cuvier, Conseiller
d’état, Président de l’Académie des Sciences et du Conseil Royal de
l’Instruction publique. Au même moment surviennent des troubles graves menés par les élèves
de la Faculté de médecine. La riposte du gouvernement ne se fait pas
attendre. Trois jours après la Faculté est fermée et il faudra attendre
un an de tractations pour que les étudiants retrouvent leurs cours. Mais
à quel prix ! Onze titulaires de chaires sont mis à la retraite dont
Dubois, Pinel, Vauquelin, Antoine de Jussieu et Desgenettes le patron de
Broussais. Finalement, Laënnec, déjà Professeur au Collège de France, se voit
attribuer la chaire de Clinique de la Charité. Broussais a échoué. Pourtant sa popularité est devenue immense parmi les étudiants engagés à fond dans l’opposition libérale.
Près de la coupole du Val-de-Grâce, il poursuit sa route triomphante.
Son enseignement continue, puissant, homérique, absolu. Un jour,
Velpeau est surpris par une question du maître et ne sait que répondre.
Alors Broussais s’écrie tonitruant : " Oculos habent et non vident ! ".
Vexé, Alfred Velpeau quitte le cours et il dédie sa thèse, sur
l’auscultation, à Laënnec, ne manquant pas d’attaquer la doctrine "
ridicule " de Broussais, avant de faire la carrière de chirurgien que
l’on sait, inventant le bandage et la bande velpeau…Dans l'amphithéâtre de la rue du Foin, il va enfin pouvoir développer
sa théorie et conquérir ses auditoires. Il parle sans aisance, sans élégance, peut rester longtemps monotone, embarrassé, égaré puis, tout à
coup, il s'exclame avec verve, persifle drôlement et anime une leçon
d'abord insipide ou triviale. Les étudiants enfiévrés par ce lutteur si
peu académique et affranchis de leur ignorance par ses ruses
simplificatrices, accourent, l'applaudissent, l'adoptent. Parfois, dans
la rue, poursuivant une action qu'une heure de cours n'a pas affaiblie,
il renouvelle une démonstration que la vérité étaierait plus
infailliblement que des cris et à laquelle des recherches de
laboratoire, conviendraient mieux que les comédies de trottoir. Il
répand ses doctrines... Elles partaient d'une vérité pour aboutir à une
erreur : la vérité c'est que l'on doit demander à l'autopsie la
confirmation ou la rectification d'un diagnostic, mais qu'il est
excessif de croire que l'on peut constituer une médecine exacte, comme le pensaient
déjà certains. L'erreur c'est d'avoir tiré d'une hypothèse
physio-pathologique des conclusions thérapeutiques sanguinaires. Pour Broussais, la lésion et les perturbations viscérales sont le point
de départ; il prend pour la cause un effet anatomique et pour l'essentiel un trouble fonctionnel presque toujours secondaire. La
saignée et les sangsues ont donc été réhabilitées par Broussais, et l'on
assure que l'on importa plusieurs millions de sangsues en France dans
les premières années du XIX' siècle. On dit aussi que la médecine devint
un fléau aussi redoutable que la guerre. La France avait été décimée par
les batailles de la République et de l'Empire, Broussais la "saigna à
blanc."
En 1831, il n'en fut pas moins nommé Professeur à la Faculté de Médecine
de Paris, dans la chaire de pathologie et thérapeutiques générales, Il
continue là à jeter à tue-tête des aphorismes que la modestie ne tempère
pas. "J'apporte la médecine physiologique... le messie de la médecine
est arrivé et les aveugles et les malheureux ne l'aperçoivent pas... Sans
ces notions, la pathologie n'est qu'un chaos, un amas informe de
vérités et d'erreurs, voilà ce qui n'avait pas été aperçu avant moi. " Sous son influence la chirurgie a éprouvé un véritable recul : à la
suite des applications de cataplasmes, de cérat et de charpie, toutes les plaies suppurent et la plupart des blessés et des opérés
meurent d'infection purulente, la fièvre puerpérale décime les
maternités dans lesquelles dix pour cent des accouchées meurent. Mais cet astre va subir une éclipse les étudiants désertent son cours,
il n'est plus écouté quand survint le choléra en 1832, l'épidémie fut un
fléau qui compta parmi ses victimes les théories de Broussais. Il se
tourne alors vers la phrénologie qu'il enseigne au grand scandale de ses
collègues, mais sans succès. Il oublie les injures qu'il multiplie, les
accusations qu'il porte, mais aussi les outrages reçus, il trahit sans
rancune, se dit sans haine, sinon sans violence, et, dans sa passion de
dictature, trouve assez de versatilité ou de hauteur pour se contredire
sans rougir. Très affecté par ces revers, le lutteur s'effondre un beau
jour, avec sang-froid et objectivité, il observe la cruelle maladie qui
le ronge. Il supporte avec courage et fermeté sept interventions. Le 17 novembre 1838, il mourra de ce cancer du rectum dont il a suivi
l'évolution avec curiosité et sagacité après avoir tenu un journal de ses souffrances, de son évolution et de son pronostic. Alors même
qu'il avait déclaré que Napoléon ne serait pas mort d'un cancer s'il
avait été soigné par un médecin physiologiste, en réalité sa doctrine
est heureusement morte avec lui.
|
|
|
|
|
|
|
Chateaubriand, plume talentueuse, certes, mais un parti pris
notoire pour la vieille monarchie, la race au sang bleue, et donc contre
Napoléon, alors que ce dernier avait institué une société du Mérite plutôt que
de la naissance. N'oublions pas non plus que Chateaubriand vota pour la mort
de Ney à la Chambre
des Pairs. C'est un tâche sur le curriculum vitae d'un homme qu'on voudrait
d'esprit et un manque notoire de coeur généreux envers un ancien héros de la France tombé dans
l'adversité. Qu'est ce que la mort de Ney allait donc apporter à la France ? La seule vengeance
du parti Ultra ! Mais l'esprit de vengeance doit il se trouver dans la plume du
poète ? Tableau cruel d’une monarchie qui vivait encore au XVII°
siècle : " Une double procession montait et descendait les escaliers
du pavillon de Flore, on s'enquérait de ce qu'on avait à faire : point de
réponse. On s'adressait au capitaine des gardes, on interrogeait les
chapelains, les chantres, les aumôniers : rien. De vaines causeries, de vains projets,
de vains débits de nouvelles. J'ai vu des jeunes gens pleurer de fureur en
demandant inutilement des ordres et des armes, j'ai vu des femmes se trouver
mal de colère et de mépris. Parvenir au Roi, impossible, l'étiquette fermait la
porte. La grande mesure décrétée contre Bonaparte fut un ordre de
courir sus : Louis XVIII, sans jambes, courir sus le conquérant qui enjambait
la terre ! Cette formule des anciennes lois, renouvelée à cette occasion,
suffit pour montrer la portée d'esprit des hommes d'Etat de cette époque.
Courir sus en 1815 ! courir sus ! et sus qui ? sus un loup ? sus un chef de
brigands ? sus un seigneur félon ? Non : sus Napoléon qui avait couru sus les
rois, les avait saisis et marqués pour jamais à l'épaule de son N ineffaçable ! " ou encore " Quant au vieux prince de Condé, l'émigration était
son dieu Lare. Lui n'avait pas peur de monsieur de Bonaparte, il se battait si
l'on voulait, il s'en allait si l'on voulait : les choses étaient un peu
brouillées dans sa cervelle, il ne savait pas trop s'il s'arrêterait à Rocroi
pour y livrer bataille, ou s'il irait dîner au Grand-Cerf. Il leva ses tentes
quelques heures avant nous, me chargeant de recommander le café de l'auberge à
ceux de sa maison qu'il avait laissés derrière lui. Il ignorait que j'avais
donné ma démission à la mort de son petit-fils, il n'était pas bien sûr d'avoir
eu un petit-fils, il sentait seulement dans son nom un certain accroissement de
gloire, qui pouvait bien tenir à quelque Condé qu'il ne se rappelait
plus."
Mémoires d’Outre Tombe. Le dimanche 18 juin 1815, alors que se déroule bataille de
Waterloo, Chateaubriand, réfugié à Gand, se promène dans la campagne vers midi.
Il perçoit alors un roulement sourd au loin et comprend qu'un combat a débuté.
Il livre alors ses impressions dans un passage où la poésie le dispute au
patriotisme. Jugez-en plutôt : " Succès ou revers de l'une ou l'autre armée, quelle serait la conséquence
de l'événement pour les peuples, liberté ou esclavage ? Mais quel sang coulait
! Chaque bruit parvenu à mon oreille n'était-il pas le dernier soupir d'un
Français ? Etait-ce un nouveau Crécy, un nouveau Poitiers, un nouvel Azincourt
dont allaient jouir les plus implacables ennemis de la France ? S'ils
triomphaient, notre gloire n'était-elle pas perdue ? Si Napoléon l'emportait,
que devenait notre liberté ? Bien qu'un succès de Napoléon m'ouvrît un exil
éternel, la patrie l'emportait à ce moment dans mon coeur : mes voeux étaient
pour l'oppresseur de la France,
s'il devait, en sauvant notre honneur, nous arracher à la domination étrangère. Wellington triomphait-il ? La légitimité rentrerait donc dans Paris derrière
des uniformes rouges qui venaient reteindre leur pourpre au sang des Français ?
La royauté aurait donc pour carrosse de son sacre les chariots d'ambulance
remplis de nos grenadiers mutilés ? Que sera-ce qu'une restauration accomplie
sous de tels auspices ? "
Connaissant un peu le personnage, je me permets de douter la sincérité de ses paroles concernant son dilemme entre Louis XVIII et
Napoléon. Surtout lorsqu'il évoque sa promenade le jour de Waterloo où il
entend le canon au loin. Prétendre préférer un exil perpétuel et un départ
définitif des Bourbons à une défaite française, facile a écrire plusieurs
années après la bataille. Surtout lorsque le résultat vous arrange. Il est fort douteux qu'il ait entendu la bataille à Gand, à
plus de 70 km
à vol d'oiseau, alors que tout porte à croire que le prince Frédéric et le
général Colville n'ont rien entendu à Hal ! Par contre, Grouchy l'entend à
Walhain, ce qui porte à croire que le vent devait souffler d'ouest. Chateaubriand fera preuve de beaucoup de lucidité après la
défaite de Waterloo, malgré son royalisme ambiant, déjà écorné pendant la fuite
de Louis XVIII et des princes à Gand. Voici un des deux célèbres extraits qu'il écrit dans ses Mémoires, c’est au
retour de Louis XVIII, au château de Saint-Ouen : " Je me rendis chez sa majesté, introduit dans une des chambres qui
précédaient celle du roi , je ne trouvai personne, je m'assis dans un coin et
j'attendis. Tout à coup, une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice
appuyé sur le bras du crime. M. de Talleyrand marchant, soutenu par M. Fouché. La
vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et
disparait. Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur, le féal régicide,
à genoux, mit les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains
du frère du roi martyr, l'évêque apostat fut caution du serment . "
|
|
|
|
|
|
|
Picard, installé à Nantes, Pierre Cambronne exerce le métier de négociant en bois, commerce qui a toujours bien fonctionné en Bretagne du fait
des arsenaux de Brest, Lorient, Rochefort et même Saint-Malo, facilité par son transport par mer. A son
négoce Pierre Cambronne ajoute une fonction officielle de garde-magasin des
poudres et salpêtres de la ville, ce qui lui permet d’être exempté d’héberger
des militaires de passage. On est pas très militaire dans la famille. Une première fille, Adélaïde, naît en 1770, puis notre futur
général Pierre Etienne, né le 26 décembre 1770, le jour de la Saint Etienne.
Baptisé Pierre-Jacques-Etienne, il signe quelque fois Etienne mais le plus
souvent il prend le prénom de son père. On trouve Pierre comme prénom usuel et
les initiales P.C. se retrouvent sur son argenterie et son linge personnel. Adélaïde, son aînée de onze mois, meurt à l’âge de 16 ans,
le 7 juin 1786. Pierre-Etienne par la suite l’aîné de quatre frères Aimable,
Constant, Stanislas qui meurt lui aussi dans sa 5° année. Viennent également
deux sœurs Justine en 1780 et Lucie, en 1782, de dix et douze ans ses cadettes.
Seul, Constant le quatrième enfant de Pierre Cambronne et Adélaïde Druon, fera,
comme Pierre son aîné, une carrière militaire. Mais il sera tué à Austerlitz, à
l’âge de 27 ans, sous-lieutenant à la compagnie de grenadiers du 2° bataillon
du 46° de ligne. Leur père, Pierre Cambronne, meurt en octobre 1784, laissant
un somme assez rondelette en héritage à sa veuve, Adélaïde, plus de 140.000 livres. Dans
l’héritage une petite maison à la
Treille à Saint Sébastien où Madame Cambronne va, en été,
passer les jours plus agréables, au bord de la Loire durant les vacances scolaires avec ses
enfants. Son fils Pierre-Etienne, 14 ans, fait ses études chez les Oratoriens,
depuis le 2 janvier 1781, en qualité d’externe au collège religieux des
Oratoriens, la meilleure institution scolaire de la ville de Nantes. La même
année un autre Nantais célèbre, Joseph Fouché, futur Duc d’Otrante et ministre
de la Police,
reçoit dans la chapelle de ce collège, les ordres mineurs, avant d’aller
enseigner les sciences physiques et les mathématiques, au collège de Niort. Il
a onze ans de plus que le jeune Cambronne.
Huard dans sa biographie du général dit que l’élève
Cambronne « n’était pas trop mauvais », Sérieyx penche pour " un
élève médiocre " et Brunschwig précise que "ses études furent
incomplètes " …Il est toutefois incontestable que le jeune Cambronne est
bon en dessin et gymnastique. Toute sa vie il fera des dessins sur ses feuilles
de compte en figurant les achats pelotes épingles, savonnettes, journaux,
bouteilles, etc…Il quitte l’établissement à 18 ans car il doit aider sa mère
et devient commis chez un négociant quand les idées nouvelles propagées par La Révolution vont tout
emporter. Le directeur de l’Oratoire de Nantes, le père Latyl, est un
religieux dont les opinions sont avancées. Il siègera d’ailleurs à l’Assemblée
Constituante comme d’autres Oratoriens tels Fouché, Le Bon, Bailly,
Billaud-Varenne. Chez les Oratoriens on professe « qu’on gouverne sans
commander, on obéit sans dépendre et le respect s’entretient sans le secours de
la crainte » Le jeune Cambronne ne peut qu’être attiré par les idées
nouvelles et en septembre 1791, il entre dans la Garde nationale, 1° bataillon
de volontaires, compagnie dite de la Fraternité. L’acte d’enrôlement précise que le
susdit est de la taille de 5
pieds et 7 pouces…
|
|
|
|
|
|
|
Armand de Guerry de MAUBREUIL |
|
|
Parmi les Nantais célèbres qui se sont distingués sous l'Empire, outre Cambronne, il y a Fouché, Saint-Aignan, beau-frère de Caulaincourt, le banquier Ouvrard et le fameux Maubreuil, marquis d'Orvault.
Né le 26 mai 1783 à Carquefou, au nord de Nantes, dans le château de Maubreuil,
le marquis de Maubreuil est un personnage singulier. L’une des énigmes les plus
rocambolesques du XIXe siècle a débuté au printemps 1814. Elle met en scène la belle-sœur de Napoléon et un
aventurier un peu fou, et surtout sans scrupules. Le 21 avril 1814, au petit matin, sur la route de
Fontainebleau à Sens, aux confins de l’Yonne. Une berline tractée par six chevaux
ouvre la voie à cinq autres voitures. Le convoi s’apprête à faire halte au
relais de poste du Fossard, non loin de Montereau.
Les bêtes sont fourbues, on les remplacera par des chevaux frais. Soudain, un
groupe de cavaliers stoppe les équipages, détachement commandé par un
colonel de hussards, l’homme s’approche de la première voiture et s’adresse à
une passagère qui a mis la tête à la portière : « Je suis chargé, Madame, de
saisir vos bagages et de les ramener à Paris. Vous êtes soupçonnée d’avoir
enlevé les diamants de la
Couronne ». Ainsi débute l’affaire Maubreuil, l’un des
épisodes les plus rocambolesques du XIXe siècle, dont on ne parviendra jamais à
éclaircir le mystère. Le face-à-face de Fossart oppose deux caractères. La femme
n’est autre que la reine Catherine de Westphalie, nièce du Tsar Alexandre,
épouse de Jérôme, frère cadet de Napoléon. Le hussard est le marquis de
Maubreuil, aventurier sans scrupule, bagarreur réputé et ancien écuyer de
Catherine. Depuis plusieurs semaines, les troupes autrichiennes,
allemandes, russes et anglaises occupent la France. L’Empire n’est
plus que ruines. Le 6 avril, Napoléon a signé son abdication : « Les puissances
alliées ayant proclamé que l’Empereur Napoléon était le seul obstacle au
rétablissement de la paix en Europe, l’Empereur Napoléon, fidèle à son serment,
déclare qu’il renonce pour lui et ses enfants aux trônes de France et d’Italie,
et qu’il n’est aucun sacrifice, même celui de la vie, qu’il ne soit prêt à
faire aux intérêts de la France
». Le Sénat a voté le rétablissement des Bourbons, et le comte d’Artois,
lieutenant général du royaume, prépare l’avènement de Louis XVIII, réfugié en
Angleterre. Tandis que Paris s’abandonne au désordre, la famille impériale
se résout à l’exil. Ainsi, Catherine de Wurtemberg s’apprête-t-elle à rejoindre
son époux, Jérôme Bonaparte, ex-roi de Westphalie, en Suisse. Le 17 avril, elle
prend ses dispositions pour quitter la capitale, avec ses bagages, ses bijoux
et ses diamants. Elle ignore encore que, dans l’ombre, Maubreuil est tenu
informé des préparatifs de départ. Le marquis de Maubreuil est un personnage
singulier. Il s’appelle en réalité Jacques-Marie-Armand Guerry. Il est né le 26
mai 1783 dans le château de Maubreuil, à Carquefou, un bourg situé à quelque 20 kilomètres de
Nantes. Bien que l’origine des titres dont elle se prévaut demeure mystérieuse,
la famille du jeune Jacques-Marie-Armand compte parmi la meilleure noblesse
vendéenne. Une mère qui décède quelques mois après sa naissance, un père
contraint d’émigrer pendant la
Révolution : l’enfant vit une adolescence difficile. Esprit
aventureux, il participe à la
Chouannerie puis, la paix revenue, mène grand train, tantôt à
Maubreuil, tantôt à Nantes. Nantes où il fait connaissance, en 1802, avec Jérôme Bonaparte, frère turbulent du Premier Consul d’alors. Les
jeunes gens sont des fêtards et partagent d’heureux moments.
Maubreuil qui, après deux héritages, dispose d’une belle
fortune, dilapide à tous vents. Opportun en diable, il a oublié son passé
chouan et s’affiche comme fervent adepte du nouveau régime. Armand était le beau-fils de Constance de La Rochejaquelein, deuxième épouse de son père, Jacques Guerry de Beauregard, soeur d'Henri, de
Louis et d'Auguste. Plus tard, il se
rappellera au bon souvenir de Jérôme, devenu roi de Westphalie. Le souverain
en fera son capitaine des chasses et un écuyer de la reine Catherine. En 1809,
une félonie brise l’estime entre les deux hommes. Après avoir séduit l’une des
maîtresses de Jérôme, Maubreuil est contraint de partir guerroyer
en Espagne. A son retour, redevenu civil, il s’installe à Paris et place
sa fortune dans diverses entreprises, avec plus ou moins de bonheur. Sans doute
meilleur soldat que financier, son comportement en Espagne a été récompensé par la Légion d’honneur, il voit fondre son trésor et s’accumuler les dettes. En 1814, la France est envahie par les
troupes alliées. Maubreuil, qui conserve encore confiance en l’Empereur, voit
là une belle occasion de retrouver son rang et de servir la France : il propose au
ministre de la Guerre
de lever, à ses frais, « un ou deux escadrons de cavalerie légère ». La demande
sera classée. Le marquis meurtri par une telle désinvolture, sans doute faut-il trouver dans cet oubli l’une des raisons
qui entraînent Maubreuil sur la route de Fossard ce 21 avril 1814. Surpris par
la déconfiture de l’Empire, l’aventurier, chouan avant-hier, bonapartiste hier,
espère aujourd’hui le retour des Bourbons. Maubreuil s'est fait remarqué pour avoir accroché sa légion d'honneur à la queue de son cheval, Place de la Concorde, dans ce rassemblent de jeunes royalistes où se trouvait Sosthène de La Rochefoucault. Il est approché par l'avocat Roux de Laborie, secrétaire et éminence grise de Talleyrand, pour assassiner l'Empereur retranché à Fontainebleau et qu'on ne soupçonne pas capable d'abdiquer aussi simplement et rapidement. L'abdication rend la tentative d'assassinat inutile...Muni d’authentiques ordres de mission, il se prétend chargé
par le gouvernement provisoire de veiller à ce que les diamants de la Couronne de France ne
quittent pas le pays. Flanqué de Dasies, un compère, Maubreuil fait conduire
les voitures jusqu’au relais de Fossard et décharger onze caisses. Puis il
réclame les clés des coffres à la reine Catherine, qui proteste mais obéit.
Sept malles contiennent les bijoux de la souveraine, une les diamants de
Jérôme. Lorsque Maubreuil et Dasies l’informent que ses bagages vont être
ramenés à Paris, mais qu’elle peut poursuivre sa route, Catherine s’évanouit.
Ayant repris ses esprits, elle demande à son ancien écuyer de lui laisser au
moins un coffret d’or. Maubreuil refuse, lui tend une ceinture chargée de
pièces d’or : « C’est tout ce que je puis faire pour vous » et ordonne le
retour sur la capitale. Catherine de Westphalie, elle, prend la direction de
Sens. Elle s’arrêtera toutefois à Pont-sur-Yonne, où elle déposera plainte.
L’affaire fait grand bruit, d’autant qu’alerté, le tsar ne
cache pas sa colère. La police recherche Maubreuil et son complice. Le 22
avril, on livre les caisses de la reine Catherine chez le baron de Vitrolles,
secrétaire des conseils du roi, mais il manque deux malles. Le 24 avril, le marquis se présente en personne chez le
baron de Vitrolles. Comme on lui demande des explications, Maubreuil ne se
démonte pas : il n’a fait que son devoir et remplit une mission. Hautain, il
ajoute : « Si dans tout cela on veut me compromettre, j’en compromettrai bien
d’autres ! ». Pressé de question, l’homme livre alors une explication qui
paraît invraisemblable. Au début de ce mois d’avril, un émissaire de Talleyrand
l’a chargé d’assassiner Napoléon, alors en route vers l’île d’Elbe, contre
promesses d’argent et de titre de duc. Alors qu’il était sur la trace de
l’Empereur déchu, il a intercepté le convoi de l’ex-reine de Westphalie et crut
de son devoir de réquisitionner les bagages. Le soir même, le marquis était emprisonné. Plus tard, un
nommé Huet expliquera avoir remonté de la Seine un bracelet en or, des peignes sertis de
diamants. Au cours de fouilles dans le fleuve, on découvrira des colliers, des
pièces d’or, des diadèmes… En dépit de ce faisceau de preuves, Maubreuil
maintiendra ses dénégations. Sans doute en savait-il trop puisqu’on le libérera
lorsque Napoléon parviendra à s’échapper de l’île d’Elbe. Arrêté à nouveau,
évadé, réincarcéré, puis relâché, le marquis n’aura de cesse de faire parler de
lui. Jugé, il sera finalement condamné à cinq ans d’emprisonnement pour le vol
de Fossard. Un jugement rendu par défaut puisque, entre temps, le prisonnier
s’était fait la belle…Réfugié en Angleterre, il commettra de nombreux articles
dans lesquels il mêlera le vol des bijoux, l’assassinat de l’Empereur,
commandité selon lui par la
Russie, la
Prusse et les Bourbons. La vérité sur l’affaire Maubreuil a suscité de nombreuses
controverses, certains historiens ont ainsi soutenu la thèse du complot avancé
par le marquis. Une seule certitude demeure : Jacques-Marie-Armand Guerry était
homme de peu de foi, à l’esprit vraisemblablement dérangé…
Talleyrand, en 1823, sortant de la basilique de Saint Denis,
messe anniversaire de la mort de Louis XVI, reçoit une baffe magistrale de la
part de Maubreuil qui voulait lui rendre la monnaie de sa pièce, depuis
son projet d'assassinat de Napoléon en 1814.... Talleyrand tomba à terre sous
le coup et pour donner le change le Prince admiratif : " Quel coup de
poing ! " Il ne voulut pas être déshonoré en recevant un soufflet, mais un
coup de poing ça fait sport... Au tribunal c'est cette précision qui sera
retenue...
|
|
|
|
|
|
|
Jacques Boudin de Tromelin nait en 1771 dans une ancienne famille noble bretonne originaire des environs de Morlaix, qui a fourni à la France un grand nombre d'officiers aux armées de terre et de mer. Il est fils de Nicolas Boudin de Tromelin, seigneur de Tromelin (1727-1790) qui a laissé son nom à l'île Tromelin. Après des études à l'École militaire de Vendôme en 1787, il entre au service dans le régiment de Limousin, en garnison en Corse. Il émigre avec sa famille, en 1792 au début de la Révolution française. Jacques Boudin de Tromelin s'engage dans l'Armée des Princes en 1792 avec laquelle il fait toutes les campagnes du Rhin et de l'Ouest. En 1795, il prend part à l'Expédition de Quiberon, comme son compatriote Hippolyte Rosnivinen de Piré. Parvenant à échapper aux exécutions qui suivirent, il rejoint Londres où il vit modestement de quelques leçons de dessin. Mais la France lui manque et Tromelin convainc le commodore anglais Sidney Smith de l'embarquer à bord de la frégate anglaise le HMS Diamond. Tout émigré pris sur le territoire de la République étant condamné à mort, sans sursis ni grâce possibles, Tromelin entreprend de se faire passer pour John Bromley, le domestique canadien du commodore Smith. Il est renvoyé en Angleterre, d'où il organise l'évasion du commodore. Il reçoit la croix de chevalier de Saint-Louis des mains du comte d'Artois, revient en France. Il rejoint ensuite à l'Armée catholique et royale de Normandie, il est à nouveau fait prisonnier à Caen en 1798. Il s'évade et part en Turquie. Il sert comme major dans les troupes du sultan ottoman.
Rayé de la liste des émigrés en 1802, il rentre en France en 1802. Il est incarcéré à l'Abbaye, lors de l'affaire Pichegru. Il en sort au bout de six mois pour entrer, comme capitaine, au 112e régiment d'infanterie de ligne. Nommé chef de bataillon pendant la Campagne de Dalmatie en 1809, colonel à l'issue de la Bataille de Wagram, il commande pendant quatre ans le 6e régiment croate, et devient en 1813 adjudant-général à l'Armée d'Allemagne. Il est promu au grade de général de brigade et fait comte d'Empire après la bataille de Leipzig. Au printemps 1815, pendant les Cent-Jours, il est à la tête de la Brigade Tromelin au sein de la 20e division d'infanterie du 6e corps d'infanterie du général Jamin, et se bat vaillamment lors de la Bataille de Waterloo. Il sera chargé par le gouvernement provisoire de demander au duc de Wellington des passeports pour l'Empereur et contribue à négocier pour une armistice sous Paris.
Resté dans l'armée sous la Restauration, il sert lors de la campagne d'Espagne de 1823. Nommé lieutenant-général. En 1828, il publie des Observations sur les routes qui conduisent du Danube à Constantinople à travers le Balcan ou mont Hoemus, suivies de quelques réflexions sur la nécessité de l'intervention des puissances dans les affaires de la Grèce, par le lieutenant-général comte de T. Chateaubriand dans Mémoires d’outre-tombe, pendant les Trois Glorieuses, en 1830 : " Pendant les Journées de juillet, il seconde activement M. de Sémonville dans les démarches qui amenèrent le retrait des ordonnances et le ministère de M. de Mortemart. Son rôle, dans ces néfastes journées, fut aussi courageux qu'honorable. Sa vie même fut un instant menacée, et il fallut que le général La Fayette le couvrît de sa personne à l'Hôtel de ville. " Il se retire en Bretagne et sera maire de Ploujean jusqu'à sa mort. À la fin de sa carrière, il est Grand Officier et Grand cordon des ordres de Saint-Ferdinand d'Espagne et de Sainte-Anne de Russie, membre du Conseil général du Finistère et membre de la Société de géographie. Le général de Tromelin était Grand officier de la Légion d'honneur.
|
|
|
|
|
|
|